Salvatore Maugeri

Après un an d’activité, l’épicerie compte aujourd’hui pas loin de 170 coopérateurs.
Dans le cadre de cette rubrique consacrée à la présentation de ceux-ci, nous avons rencontré Salvatore Maugeri.

Salvatore Maugeri
Salvatore Maugeri

La Chapelle-sur-Furieuse, un village singulier

Commun’Epicerie : Salvatore, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

S.M. : Avec plaisir. Je suis un jeune retraité de l’enseignement supérieur et de la recherche, titulaire d’une thèse de sociologie obtenue en 1995. Je me suis spécialisé dans la sociologie du travail, avec une attention particulière aux transports et à la logistique. Mon champ d’investigation était ce qu’il est convenu d’appeler le B2B : le business to business, autrement dit, les relations économiques entre les entreprises. Leurs stratégies d’échanges physiques et informationnels constituaient l’objet privilégié de mes recherches. À ce titre, j’ai eu l’occasion d’analyser les circuits de la grande distribution et on peut dire que cela m’a sensibilisé aux problématiques d’approvisionnement qui constituent un des leviers de performance de l’épicerie. Et je dois dire à ce propos que ce que je vois du traitement de cette question par nos trois salariés, à l’occasion de mes permanences dans le magasin, montre la grande attention portée à ces questions par nos vendeurs. Ils sont les garants de l’offre du magasin et chacun des bénévoles doit être conscient, les jours de présence, du soin qui doit être apporté aux inventaires et au suivi de commandes. C’est notamment le cas avec le vrac, dont la gestion n’est pas une sinécure. Je ne sais pas exactement combien de références sont présentes dans le magasin (plusieurs centaines assurément. Plus de 1000 en fait, ndr) et garantir en permanence leur disponibilité aux clients n’est pas simple. Je dis donc bravo à nos trois vendeurs/coopérateurs !

Commun’Epicerie : Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir coopérateur ?

S.M. : Je me suis installé à la Chapelle-sur-Furieuse tout à fait accidentellement. Il se trouve que Brigitte Barbier, la présidente et co-fondatrice de l’Epicerie, est ma voisine. Brigitte est représentative d’une certaine population résidant à la Chapelle, un village singulier, traversé des centaines de fois auparavant, où jamais je n’aurais cru m’installer, et où la liste conduite par Mélenchon est arrivée en tête des scrutins lors des deux dernières élections, devant le R.N. Ce qui dit beaucoup sur sa sociologie particulière. C’est à la Chapelle que s’est ouvert l’éco-lieu Chenèvre, avec, entre autres, sa boulangerie, ses cultures de légumes, de plants et de vin bio. On y rencontre des tas de jeunes avec des projets alternatifs qui méritent qu’on s’y arrête. Quelque chose de profond agite les nouvelles générations et c’est bien.

Pour revenir à mon engagement, je dois dire que je n’ai jamais prêté attention à ce que je mangeais, mais avec l’âge et les échanges avec des gens, souvent plus jeunes, sensibles à ces questions, j’ai changé mon point de vue. Dès que j’ai eu vent du projet de l’Epicerie, devenir coopérateur et bénévole m’a semblé naturel. C’est une initiative remarquable, qui s’inscrit dans un mouvement social profond et salutaire. Elle traduit la volonté d’une frange grandissante de la population qui entend se préserver et préserver notre terre en soignant son alimentation. Après un an de fonctionnement, les comptes de l’Epicerie sont à équilibre, un résultat remarquable, traduisant la justesse du projet et qui nous remplit de joie. 

Commun’Epicerie : Vous avez laissé entendre que vous assumiez quelques permanences au magasin. Pouvez-vous nous en parler ?

S.M. : Oh, je n’ai guère de mérite, j’interviens occasionnellement, le samedi matin quand Brigitte (Backmann, chargée du planning des bénévoles, ndr) n’a personne sous la main. Certains et certaines bénévoles sont bien plus méritants, intervenant chaque semaine à un horaire régulier, ce qui facilite le travail de tous. Il faudrait que nos coopérateurs soient un peu plus actifs pour alléger le travail des plus assidus, encore que la chose soit discutable, car un bénévole occasionnel peut s’avérer une charge pour les salariés qui doivent à chaque fois reprendre à zéro la formation. C’est une question qui mérite réflexion, mais il n’est pas douteux qu’un plus grand nombre d’entre nous doit s’engager plus fort dans le fonctionnement du magasin.

Commun’Epicerie : C’est le cas aussi pour les fonctions de direction/gestion d’ailleurs.

S.M. : Absolument. L’Epicerie est une coopérative et à ce titre est gérée par un conseil de 11 membres élus par l’assemblée générale parmi les coopérateurs. Des commissions spécialisées (R.H., communication, achat, etc.) constituent les forces de propositions supervisées par le conseil. Toute personne désireuse de s’investir dans la politique de développement de l’Epicerie peut se présenter et agir à travers ces commissions. On pourrait discuter longuement de tout ça, mais je vois que l’heure tourne et je ne vous ai pas parlé de l’essentiel (rires…). C’est que je suis désormais auteur de fictions et il me faut faire connaître mes livres. On écrit pour être lu, n’est-ce pas, et c’est précisément le plus dur dans l’affaire, après l’écriture elle-même : se faire connaître. Pouvez-vous glisser dans votre rubrique un mot sur mes livres ?

Commun’Epicerie : Comptez sur nous…

 

PUBLICATIONS

un monde contraire
Un monde contraire
Editions Chum, 2020, 19,50 €

(pour commander : https://www.chumeditions.com)

Toni, 19 ans, veut vivre de musique. C’est la fin des années 70, le crépuscule du grand bouillonnement social levé par mai 68. La jeunesse rêve encore, malgré les premiers signaux de crise entraînés par le renchérissement du pétrole. Les puissants de ce monde fomentent les armes pour reprendre la main après avoir été malmenés par la classe ouvrière et les étudiants. Les restructurations industrielles, la mondialisation en germe vont faire voler en éclat les promesses de grand soir et les aspirations à la liberté de Toni – symbole d’une génération qui a cru à un autre monde…

Banana blues
Banana Blues
Banlieues Est Editions, 2021, 15 €

(pour commander : www.banlieue-est-editions.com/)

Difficile de parler de ce livre où les destins d’hommes et de femmes se mêlent et s’emmêlent à travers le temps et l’espace sur fond de claustration, d’enfermement et de mort. L’amour est le grand moteur de l’humanité. Le rapprochement des corps, le contact des peaux, le besoin de l’autre motivent nos actes, nos choix, nous conduisant parfois là où il n’aurait pas fallu aller… C’est que la solitude est le grand drame, le cul de sac dans lequel on refuse de se laisser enfermer. Alors, pour ne pas finir seul, on cherche, on regarde, on désire et, hélas, on se perd.